Comment les délinquants sexuels sont pris en charge

Comment les délinquants sexuels sont pris en charge

    Groupes de parole, obligation de soins, bracelet électronique... des nombreuses mesures existent pour prendre en charge les délinquants sexuels pendant et après leur incarcération.

    En prison

    Premier objectif : aider les délinquants sexuels à « prendre conscience de la gravité de leur acte », selon Laurent Ridel, sous-directeur des politiques pénitentiaires. Depuis deux ans, des groupes de parole ont été instaurés dans une dizaine d'établissements « spécialisés dans l'accueil des délinquants sexuels » avec pour objectif « d'étendre ce dispositif aux établissements concernés ». Sous la houlette d'un conseiller d'insertion et de probation, lui-même supervisé par « un psychologue criminologue », décrit Laurent Ridel, une douzaine de détenus se réunissent régulièrement et évoquent leurs « pulsions ». « La place et le temps manquent. Du coup, ce sont souvent les plus motivés qui viennent », témoigne le médecin psychiatre Philippe Carrière, qui a longtemps exercé en prison.

    Deuxième objectif : le traitement médical du délinquant. Il s'effectue soit dans l'établissement lui-même, si celui-ci dispose d'un service médico-psychologique régional (SMPR), soit en liaison avec l'hôpital de secteur. « Les besoins sont considérables », admet Laurent Ridel. « Pas seulement pour soigner les délinquants sexuels, précise Philippe Carrière. Il y a de plus en plus de psychoses lourdes en détention. Cela mobilise beaucoup les soignants. » Afin d'inciter les détenus à se faire soigner, le juge d'application des peines tient compte de leur suivi pour accorder ou non des remises de peine.

    A l'extérieur

    Plusieurs dispositifs existent. Dans le cadre de sa libération conditionnelle, le détenu peut faire l'objet d'une injonction de soins. S'il ne s'y plie pas, le juge peut révoquer sa libération. Depuis 1998, le sortant de prison peut être l'objet d'un suivi sociojudiciaire, si cette mesure a été prononcée au moment de sa condamnation. Depuis 2004, il peut aussi être soumis à une surveillance judiciaire : dans ce cas, le juge peut exiger que les années de réduction de peine dont il a bénéficié soient accompagnées d'un suivi. Libération conditionnelle, surveillance judiciaire ou suivi sociojudiciaire peuvent, depuis 2005, être assortis de la pose d'un bracelet électronique mobile pour une durée de « quatre ans maximum en cas de délit, six ans maximum s'il s'agit d'un crime ». On compte 38 bracelets actuellement en fonctionnement, « la totalité concernant des délinquants sexuels », précise Laurent Ridel.

    Dernière loi en date : celle instaurant, en 2008, la « surveillance de sûreté » et la « rétention de sûreté ». Elle s'applique à tout condamné à quinze ans de prison ou plus. Au terme de sa peine, s'il est considéré comme encore « dangereux », celui-ci peut faire l'objet d'une « surveillance de sûreté » dont il devra respecter les obligations sous peine d'être immédiatement renvoyé derrière les barreaux dans le cadre d'une « rétention de sûreté ». Une seule personne fait actuellement l'objet d'une surveillance de sûreté. « On ne se donne pas les moyens de mettre en oeuvre le suivi sociojudiciaire qui existe pourtant depuis 1998, déplore Philippe Carrière.

    Tant qu'il en sera ainsi, cet empilement législatif n'a aucun sens. »