Cancer du col de l’utérus : éradiquer la maladie grâce à la vaccination et au dépistage ?

    Selon les travaux d’un groupe de chercheurs publiés mercredi, 13,5 millions de cas pourraient être évités dans les 50 ans à venir.

     Les chercheurs estiment que l’on peut, grâce à la vaccination et au dépistage, faire passer le nombre moyen de cancers du col de l’utérus sous la barre de 4 cas sur 100.000 femmes dans la plupart des pays (illustration).
    Les chercheurs estiment que l’on peut, grâce à la vaccination et au dépistage, faire passer le nombre moyen de cancers du col de l’utérus sous la barre de 4 cas sur 100.000 femmes dans la plupart des pays (illustration). AFP/Robert Vos

      Compter d'ici à 2020 moins de 4 cas de cancers du col de l'utérus sur 100.000 femmes dans la plupart des pays, c'est possible. En généralisant la vaccination et le dépistage, on peut même envisager de l'éradiquer d'ici à 40 ans dans les pays à très hauts revenus, selon des travaux parus mercredi dans la revue The Lancet Oncology.

      Selon l'Organisation mondiale de la santé, 570.000 nouveaux cas ont été diagnostiqués dans le monde en 2018, ce qui en fait le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme. On peut lui imputer environ 310.000 décès par an, essentiellement dans les pays à bas ou moyens revenus.

      « Malgré l'ampleur du problème, nos travaux semblent montrer qu'une éradication globale de la maladie est possible avec les outils dont on dispose, sous réserve que la couverture vaccinale et le dépistage augmentent », explique la chercheuse australienne Karen Canfell, à la tête de ces travaux.

      Les auteurs de l'étude estiment que 13,5 millions de cas pourraient ainsi être évités dans les 50 ans à venir. Leurs conclusions sont d'autant plus novatrices que des spécialistes restent très sceptiques quant à la vaccination.

      Priorité à la vaccination contre les HPV

      Au premier rang des mesures de prévention préconisées figure la vaccination contre les HPV, un groupe de virus qui se transmettent par les rapports sexuels. Deux d'entre eux, HPV 16 et 18, provoquent 70 % des cancers et des lésions précancéreuses du col de l'utérus, selon l'OMS, qui recommande de vacciner les filles âgées de 9 à 14 ans.

      L'étude publiée mercredi se base sur l'hypothèse que plus de 80 % des filles de 12 à 15 ans soient vaccinées à partir de 2020 et que 70 % des femmes se soumettent à un dépistage deux fois dans leur vie. Dans ce cas, et selon des projections statistiques, le taux de cancers du col de l'utérus passerait sous la barre de 4 cas sur 100.000 femmes d'ici à 2059 pour les pays à très haut niveau de développement (comme les États-Unis ou la France).

      Cette barre serait franchie d'ici à 2069 pour les pays à haut niveau de développement (comme le Brésil ou la Chine), d'ici à 2079 pour les pays au niveau de développement moyen (Inde ou Vietnam) et d'ici à 2100 pour les pays à faible niveau de développement (Éthiopie ou Haïti). En revanche, la barre fatidique ne pourrait pas être franchie avant la fin du siècle dans une poignée de pays, dont le Kenya ou l'Ouganda.