Publicité

33 % des Françaises ont recours une fois à l'IVG dans leur vie

Photo d'illustration. FRED DUFOUR/AFP

INFOGRAPHIE - Selon une nouvelle étude, 4 % des Françaises avortent trois fois ou plus au cours de leur vie.

Quarante ans après la loi Veil, «l'interruption volontaire de grossesse (IVG) «est devenue un droit plus qu'un dernier recours». Voici la conclusion de la dernière étude de l'Ined sur l'IVG, publié jeudi, à deux jours de l'anniversaire de la 17 janvier 1975, date de la promulgation de la loi portée par la ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing.

«On compte en 2011 près de 210.000 interruptions volontaires de grossesse (IVG). Après avoir diminué de 1975 à 1995, le recours à l'IVG a légèrement augmenté avant de se stabiliser à la fin des années 2000», rappellent les auteurs de l'étude, Magali Mazuy, Laurent Toulemon et Élodie Baril. Comment expliquer cette absence de baisse significative alors qu'en France, 91 % des femmes de 15 à 49 ans déclarent employer une méthode contraceptive?

«Depuis les années 1970, la diffusion des méthodes efficaces de contraception a permis de diminuer la fréquence des grossesses non souhaitées mais lorsqu'elles surviennent, le recours à l'IVG est plus fréquent, et finalement le nombre total d'IVG n'a pas baissé», explique l'Ined. «Après 40 ans de légalisation, les mentalités ont évolué. L'IVG est devenu un droit et une pratique qui se banalise, pas par tout le monde mais les femmes qui ont recours à une IVG sont moins jugées», souligne Magali Mazuy. Un constat entériné par la législation en 2014. En effet, le texte du 4 août 2014 «pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes» a supprimé la clause de «situation de détresse», initialement inscrite dans la loi sur la dépénalisation de l'avortement.

Une grande proportion des femmes sous contraception tombent enceinte

Si le nombre d'IVG a peu varié depuis l'adoption de loi Veil, la pratique, elle, a changé. Aujourd'hui, une Française sur trois (33 %) a recours une fois ou plus à l'IVG dans sa vie. Les femmes sont moins nombreuses qu'avant à avoir recours à une IVG mais les avortements «à répétition» sont par contre plus fréquents.

Depuis 1975, la proportion d'IVG répétées augmente de façon continue, souligne l'étude. «Dans les années 1970, elles représentaient moins d'une IVG sur dix (…). Après 1980, la part des IVG répétées a poursuivi sa progression, et les IVG de rang 3 (précédées de 2 IVG) deviennent également plus fréquentes», indiquent les chercheurs. Aujourd'hui, près de 10 % des femmes ont ainsi recours deux fois à l'IVG et environ 4 % avortent trois fois ou plus au cours de leur vie.

Pour expliquer ce phénomène, Magali Mazuy évoque plusieurs facteurs. À commencer par la mauvaise adaptation des méthodes contraceptives à la diversification des relations conjugales, amoureuses et sexuelles, alors qu'une grande proportion des femmes sous contraception tombent enceinte. «La pilule n'est peut être pas adaptée à toutes les situations et à toutes les femmes, par exemple, indique la chercheuse. Le préservatif est efficace mais son usage doit rester systématique. L'utilisation de méthodes dites «naturelles» et moins efficaces, comme la méthode Ogino ou celle «des températures», ont par ailleurs légèrement augmenté ces dernières années». Des pratiques qui sont peut-être encore plus nombreuses après la crise de confiance qui touche la pilule contraceptive. Les premiers chiffres de 2013 publiés cet été par la Direction des études et statistiques du ministère de la Santé (Drees) évoque d'ailleurs une augmentation de près de 5% du nombre d'avortements.

Ces IVG à répétition s'expliqueraient également par les inégalités territoriales et sociales d'accès au système de soins, et donc à un gynécologue.

Enfin, la demande d'une planification très forte des naissances aurait sa part dans ces nouvelles pratiques de l'IVG. «Aujourd'hui, il y a un âge jugé idéal pour la grossesse et même un écart d'âge idéal entre deux naissances. Pour avoir un enfant, on attend aussi avoir situation professionnelle stable. Ces normes très fortes expliquent que les femmes diffèrent plus souvent une grossesse pour tout planifier. La société est devenue très exigeante envers les couples et l'éducation d'un enfant. On parle même de «métier de parents»!

Sujets

33 % des Françaises ont recours une fois à l'IVG dans leur vie

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
246 commentaires
  • Bachir

    le

    ...et la prévalence de la dépression est de 9% en France (3% dans le monde) !

  • janette fr

    le

    Dans tous ces commentaires une question se pose. Avant la loi Weil ??? les femmes également n'acceptaient pas tous les fœtus qui arrivaient inopinément Alors ?? Elles provoquaient elles-mêmes les avortements ou demandaient aux "Faiseuses d'anges" de les avorter. Beaucoup en mourait. C'était mieux ???? Et, attention, je parle de la période où la contraception existait !!!
    Messieurs les détracteurs de la loi Weil et de ses applications répondez !!!

À lire aussi

Le vice-président du Crif Gil Taieb est mort

Le vice-président du Crif Gil Taieb est mort

Le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France est décédé à l'âge de 66 ans, a annoncé mardi l'institution, saluant un «infatigable militant, fervent défenseur d'Israël et de la communauté juive».

Regarder la vidéo