L’ocytocine, ou hormone de l’amour, favorise les liens sociaux. Dans une nouvelle étude, des chercheurs allemands suggèrent qu’elle agit directement sur le cerveau et encourage les hommes à être fidèles.

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    Les relations humaines sont en partie guidées par les hormones. L'ocytocine, par exemple, une moléculemolécule sécrétée par l'hypophyse, favorise le développement d'un lien fort entre une mère et son enfant. Hormone de l’amour, elle est aussi produite pendant l'acte sexuel et accompagne la naissance de l'attachement amoureux. Elle facilite également les relations sociales et pourrait même être utilisée pour le traitement de la timidité et du manque de confiance en soi.

    Mais son rôle ne s'arrête pas là. Plusieurs études ont montré que l'ocytocine favorisait la fidélité dans une relation de couple. Tout a commencé en 2001 par une étude chez le campagnol des prairies. Contrairement à la plupart des autres mammifèresmammifères, ce petit rongeurrongeur est strictement monogame et voue son existence au bien-être de sa partenaire et de sa progéniture. Cette fidélité, très rare dans le monde animal, est favorisée par la libération d'ocytocine dans le cerveau.

    À l’inverse du campagnol des montagnes, le campagnol des prairies (<em>Microtus ochrogaster</em>) est monogame. Chez cette espèce, l’ocytocine contribue à la fidélité et à la solidité du couple. © TheNerdPatrol, Flickr, cc by 2.0

    À l’inverse du campagnol des montagnes, le campagnol des prairies (Microtus ochrogaster) est monogame. Chez cette espèce, l’ocytocine contribue à la fidélité et à la solidité du couple. © TheNerdPatrol, Flickr, cc by 2.0

    Pour passer des rongeurs à l'Homme, il n'y a qu'un pas à franchir. Dans des travaux récents, une équipe de l'université de Bonn en Allemagne s'est penchée sur ce sujet. Elle a montré que les hommes en couple avec un taux élevé d'ocytocine avaient tendance à prendre leurs distances avec les jolies femmes. Ainsi, tout comme chez le campagnol des prairies, cette hormone rendrait la gent masculine plus fidèle.

    L’ocytocine, la drogue de l’amour ?

    Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue Pnas, les chercheurs allemands ont voulu aller plus loin et ont observé l'effet de l'ocytocine sur l'activité cérébrale. Leurs résultats conduisent aux mêmes conclusions : l'hormone renforce le sentiment d'attachement d'un homme pour sa compagne.

    Quel effet l'ocytocine a-t-elle sur le cerveau? Pour répondre à cette question, les scientifiques ont recruté 40 hommes hétérosexuels en relation stable. Ils leur ont montré des photos de leur partenaire ou d'autres femmes et leur ont injecté des solutions d'ocytocine ou de placeboplacebo par un spray nasal. Grâce à l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), ils ont pu observer l'activité cérébrale des participants au cours de l'expérience.

    Lorsque les sujets reçoivent de l'ocytocine en regardant leur bien-aimée, certaines régions du cerveau s'activent, en particulier le circuit de la récompensecircuit de la récompense, le système cérébral qui fournit aux individus la motivation nécessaire pour survivre. C'est par lui que nous éprouvons du plaisir à manger ou à avoir une activité sexuelle. En revanche, en observant les visages d'autres femmes, connues ou inconnues, le phénomène ne se produit pas. « Le circuit de la récompense s'active uniquement lorsque les hommes regardent leur partenaire », explique Dirk Scheele, le principal auteur de l'étude. En d'autres termes, connaître une femme n'est pas suffisant, il faut aussi partager une relation avec elle.

    Et chez les femmes ?

    Selon René Hurlemann, le directeur de l'équipe, l'ocytocine agirait comme une droguedrogue qui lie un homme à sa femme. « Ces résultats pourraient expliquer pourquoi certaines personnes tombent en dépression lorsqu'elles se séparent de leur partenaire, raconte-t-il. Lors de la séparationséparation, la sécrétionsécrétion d'ocytocine dans leur cerveau baisse et le circuit de la récompense n'est plus stimulé. Elles ont alors une sensation de manque. »

    Pour le moment, aucune expérience de ce type n'a été réalisée chez les femmes et il est difficile d'émettre des conclusions. « D'autre part, dans les études animales, on trouve souvent que les comportements sont différents chez les femelles et chez les mâles », ajoute le chercheur. Des études supplémentaires sont donc nécessaires pour éclairer ce mystère.