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Sleeping duties

Sleeping duties
1p_4.jpg Odyssee Dao

En cette Journée du sommeil, zoom sur la sexomnie, cet état somnambulique qui entraîne un comportement sexuel involontaire

La nuit dernière, il vous a réveillée pour vous emmener au septième ciel. Le lendemain, quand vous l'avez félicité pour son audace, il a juré ne se souvenir de rien. Et s'il souffrait de sexsomnie ?

Martine (1) se réveille le cheveu plus en bataille que d'habitude. Un sourire discret orne son visage marqué par des cernes qui en disent long sur sa courte nuit. Ragaillardie par la connivence silencieuse qui entoure leurs ébats nocturnes, Martine lance quelques allusions pour le moins grivoises à son mari. Ce dernier ne semble pas comprendre et lui demande de préciser… "Quand elle lui a raconté qu'il se réveillait régulièrement la nuit pour lui faire passionnément l'amour, mon patient est tombé des nues", raconte le Dr Christophe Petiau, neurologue au Centre de sommeil de la clinique Sainte-Barbe (Strasbourg). "J'ai tenté de le rassurer en mettant un nom sur cette parasomnie encore mal connue : la sexsomnie."

Proche de l'état somnambulique, ce trouble du sommeil entraîne un comportement sexuel involontaire dont les sujets ne gardent aucun souvenir. "Si leur partenaire ne s'en étonne pas, ils peuvent rester dans l'ignorance de leurs pulsions nocturnes, d'où le faible nombre de cas recensés alors que la prévalence est sans doute plus élevée", ajoute le spécialiste. C'est en tout cas ce que suggère une récente étude américaine qui a montré que près de 8 % des patients suivis dans une clinique du sommeil souffraient de ce drôle de somnambulisme.

(1) Le prénom a été changé.

Des sexsomniaques devant les tribunaux

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sexsomniaque_def100.jpg Odyssee Dao

"Les recherches débutent à peine, il est donc encore très difficile d'interpréter ces résultats, notamment d'expliquer pourquoi les hommes semblent plus concernés que les femmes ou s'il existe des psychopathologies associées", illustre le Dr Agnès Brion, psychiatre spécialiste des troubles du sommeil à la Pitié-Salpêtrière. "Ce phénomène est en revanche certainement favorisé par la prise d'alcool ou de substances modifiant le comportement." Dans ce cas, le réveil peut être brutal, comme l'avait découvert à ses dépens en 2005, JB, 22 ans, resté dormir chez une copine après une soirée trop arrosée. S'il a eu la chance que la jeune femme abandonne ses poursuites après le témoignage d'ex-petites amies venues étayer la thèse du somnambulisme sexuel, d'autres plaintes pour viol sont arrivées ensuite devant les tribunaux de nos voisins. En 2009, Frédéric L. a pu prouver qu'il était victime de ce trouble du sommeil et a finalement été acquitté de ses tentatives d'attouchements sur sa fille de 4 ans. Une affaire qui avait défrayé la chronique en Belgique.

Il suffit d'éconduire gentiment le sujet sexomniaque

"À l'instar de la Belgique, on peut imaginer que les juges français acquittent des sexsomniaques, voire les déclarent pénalement irresponsables, à condition toutefois d'emporter la conviction des experts", analyse Me Cedric-David Lahmi, avocat au barreau de Paris. Or en l'absence d'un terrain génétique prédisposant au somnambulisme "auquel se greffe une période de grande fatigue, une pathologie déstructurante du sommeil ou une prise importante d'alcool, il est peu probable que l'expertise soit concluante", répond le Dr Petiau. Et ce spécialiste de conclure : "Dans la très grande majorité des cas, le sujet sexsomniaque est docile. Il suffit de l'éconduire gentiment pour qu'il se rendorme comme un bébé… " À moins, bien sûr, que son partenaire ne décide de profiter de la situation !

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