Il y en a désormais pour tous les goûts. Grégory Dorcel, fils du célèbre réalisateur de film X, a présenté ce vendredi sa dernière nouveauté: un site pornographique, créé pour des femmes, par des femmes. Cinq égéries de la société Marc Dorcel ont été sélectionnées pour concevoir un contenu susceptible d'attirer la gente féminine lasse des images "phallomorphiques" des traditionnels sites de X. Car les études en la matière en font foi: aujourd'hui, le porno est aussi une affaire de femmes.

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L'idée a émergé après une enquête Ifop, en 2009. Selon les données recueillies, une Française sur deux a déjà visionné un extrait pornographique. Et surtout, elle l'a fait seule. Non pas pour stimuler sa sexualité en couple, mais bien pour elle-même. L'entreprise Dorcel ne pouvait pas espérer meilleur créneau à saisir. Reste une question: qu'est-ce que le porno version féminine?

Un mélange des genres

Il a fallu d'abord cibler les attentes des consommatrices de porno. Ce qui les excite, ce qui les rebute. A nouveau, Marc Dorcel a mis l'institut de sondage Ifop sur le coup. De son enquête, il ressort plusieurs caractéristiques. Contrairement aux hommes, pour qui cela compte beaucoup moins, les femmes accordent une priorité à l'esthétisme et à la qualité des films. Il faut que ce soit beau, bien tourné, et réaliste. Fini la séquence amateur du plombier nu sous sa salopette qui sonne chez vous en ayant oublié sa mallette de gros outils. Rapidement, un profil type de l'amatrice de porno se dresse : "jeune, active, décomplexée, et exigeante. A la Sex and the City".

"Nous avons conçu le site à l'image d'un sac de femmes", explique Nephael, chroniqueuse pour Dorcel TV, et collaboratrice du site Dorcelle.com. A savoir, un contenu varié : des vidéos, souvent courtes, car les femmes préfèrent visionner des extraits, et issues de films témoignant d'une certaine qualité cinématographique - ou du moins, de professionnalisme. Mais aussi, et c'est là la véritable innovation, des productions éditoriales. Actualités, conseils, chroniques, interviews... Du porno intello? Grégory Dorcel se défend de caricaturer la sexualité féminine. "Les filles ont eu l'idée est de faire consommer du X dans un univers spécifique, pas seulement au sein d'un catalogue de vidéo bête et méchant. Le but, c'est de pouvoir picorer". Katsuni, l'ancienne star du X l'affirme: la vocation du site reste masturbatoire, comme pour les hommes. "Les vidéos sont bel et bien pornographiques, certaines sont même très trash. Quant à la partie "éditoriale", il ne s'agit pas du tout d'un discours philosophique ou littéraire, mais de pratique. Nous avons voulu lier porno et sexualité".

Un pari risqué

En somme, Dorcelle recèle du porno dans un emballage "girly". Mais surtout pas féministe- une notion dont ne veulent pas entendre parler les collaboratrices du site. La différence entre pornographie masculine et féminine reste plutôt subtile : "Au lieu de tout centrer sur le mâle, son sexe, et sa jouissance, le caméraman et le scénariste insistent les femmes, leur orgasme, leurs désirs", explique Grégory Dorcel.

Sur le papier, Dorcelle semble répondre à une demande évidente. Pas sûr pour autant que la recette fonctionne. D'abord, parce que les vidéos sont payantes- de 0,99 à 9,99 euros. Or, sur Internet, trouver du porno gratuit est un jeu d'enfant. En outre, les femmes restant des consommatrices occasionnelles, les fidéliser pourrait se révéler compliqué. Mais pour le producteur avisé qu'est Grégory Dorcel, rien ne sert de jouer les Cassandre: "On n'a pas de business plan. On veut juste apporter du plaisir au consommateur. En tout cas, tout le monde dans la boîte a voulu apporter sa pierre à l'édifice. On verra si l'enthousiasme est réciproque."

Marion Guérin

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