SANTÃ?. Et voici l'autotest du sida

Dès juin, on pourra tester soi-même son éventuelle séropositivité grâce à un kit français. Voilà comment il fonctionne.

SANTÃ?. Et voici l'autotest du sida

    Réclamé de longue date par les associations et médecins, promis par la ministre de la Santé en décembre dernier pour cet été, le premier autotest sanguin de dépistage du sida va cette fois vraiment arriver en pharmacie. Fabriqué et commercialisé par la société française AAZ, il vient d'obtenir son marquage CE, sésame sans lequel sa vente sur le territoire était impossible.

    Le temps de le produire en quantité et de peaufiner quelques derniers détails, il sera disponible fin juin. De la même façon que l'on peut y acheter un test de grossesse, on pourra donc se procurer de quoi tester une goutte de sang et en quinze minutes connaître sa séropositivité. Sans passer préalablement par la case médecin, structure associative ou centre de dépistage, fût-il anonyme et gratuit.

    Pour quoi faire ?

    En 2010, la gamme d'outils pour traquer la séropositivité s'était déjà élargie avec l'arrivée de tests d'orientation au diagnostic rapide (Trod) qui ont été mis à disposition des structures associatives. Accessible encore plus largement, l'autotest est salué par tous les spécialistes comme une arme de plus dans la lutte contre la propagation du virus, notamment pour aller chercher l'épidémie cachée -- et la traiter au plus vite --, chez ceux qui s'abstiennent de tout test, car ne se sentant pas « à risque ». Il ne s'agit pas d'un diagnostic complet, mais bien d'un dépistage qui détecte les anticorps produits lors de l'infection au VIH, indicateurs d'une réaction du système immunitaire qui a rencontré le virus.

    Quelle fiabilité ?

    Comme le test Biosure HIV Self, autorisé dans les pharmacies anglaises il y a une semaine, l'autotest VIH made in France a une fiabilité proche des 100 %. Rien ne sert cependant de se précipiter en pharmacie dès le lendemain d'un rapport à risque. « On ne peut pas aller plus vite que la musique de nos corps », précise l'infectiologue Gilles Pialoux : il existe en effet un temps de séroconversion pendant lequel aucun anticorps n'est détectable. AAZ assure la fiabilité maximum de son autotest pour une infection qui date de trois mois, au minimum.

    Où l'acheter, à quel prix ?

    L'autotest sera vendu 28 â?¬ (25 â?¬ si le gouvernement lui accorde une TVA à 5 % comme le préservatif) en pharmacie, en libre-service, ou sur le site Internet d'une officine. Les cabinets médicaux n'en auront pas à disposition, pas plus qu'ils n'ont eu accès aux Trod. « La législation en interdit la vente aux professionnels de santé, regrette Pierre, médecin généraliste. Il serait pourtant intéressant -- et simple -- de pouvoir le proposer à nos patients de la même façon qu'on leur propose un dépistage cholestérol... » Les structures associatives, elles, sont en pourparlers pour en obtenir et pouvoir dépister gratuitement les populations pour lesquelles le prix est trop élevé.

    Et après, on fait quoi ?

    Si le test est positif, on ne le garde évidemment pas pour soi, prostré dans sa salle de bains ou en faisant l'autruche. « On n'est heureusement plus à l'époque où l'on songeait à se jeter par la fenêtre en cas de séropositivit?, rassure-t-on chez Aides. Le dépistage, qui doit d'abord être suivi d'une prise de sang pour confirmer le diagnostic, permet d'être mis sous traitement rapidement : éviter, du coup, la propagation du virus à ses très proches et l'évolution vers la maladie déclarée. Pour ceux qui ne sauraient à quel médecin se vouer, la mise à disposition du test ira de pair avec l'accessibilité de la plate-forme d'écoute et d'orientation gratuite de Sida Info Service, 7 jours sur 7.

    QUESTION DU JOUR. Est-ce que vous utiliseriez un autodépistage du VIH chez vous ?