Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The New York Times, Slate.com
De 2014 à 2015, le nombre d’Américaines de moins de 19 ans qui ont fait de la chirurgie esthétique vaginale a presque doublé, selon la société américaine de chirurgie esthétique. Il s’agit certes d’une petite minorité —400 filles en 2015— mais le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé car les procédures faites par les gynécologues n’ont pas été comptabilisées dans ces données, rapporte le New York Times.
Au-delà du nombre de chirurgies effectuées, les gynécologues américains rapportent aussi que de plus en plus d’adolescentes demandent ce genre de procédures. La plupart veulent une réduction des petites lèvres pour raisons esthétiques. Face à cet intérêt croissant, l’association américaine des gynécologues et obstréticiens vient de publier de nouvelles recommandations officielles, encourageant les spécialistes à éduquer et rassurer les jeunes patientes, ainsi qu’à dépister des troubles psychiatriques liés à l’obsession des défauts physiques supposés. Si la labioplastie est également de plus en plus populaire chez les femmes plus âgées, notamment celle qui ont eu des enfants —on parle de «réjuvénation vaginale»—, il est plus inquiétant que le phénomène touche aussi les moins de 20 ans.
Un risque
Même s’il existe certains cas —très rares— pour lesquels la chirurgie est nécessaire, notamment lorsque les lèvres sont irritées, gonflées ou douloureuses, la chirurgie esthétique est déconseillée pour les jeunes. Chez les adolescentes, le développement de l’appareil génital n’est pas encore terminé et de nombreux nerfs sont concentrés dans les lèvres vaginales, d’où un risque de perte de sensations.
Les gynécologues interviewés par le New York Times expliquent que cet intérêt pour la chirurgie esthétique est en partie lié au fait que de nombreuses jeunes femmes s’épilent intégralement le pubis et les lèvres. Selon un sondage mené auprès de plus de 2.000 Américaines réalisé par des chercheurs de l’Indiana University, 21% des 18-24 ans sont adeptes de l’épilation intégrale. Selon les spécialistes, une autre raison de cette obsession est que les jeunes filles ont tendance à regarder des images de vulves sur internet, où les variations anatomiques normales ne sont pas toujours représentées. Par exemple, selon l’auteure féministe Naomi Wolf, qui a écrit une biographie sur le vagin, la page Wikipédia de vagin montre une image qui correspond à ce que l’on voit dans les films pornographiques.
L’obsession des normes de beauté vaginale est telle qu’un blog sur Tumblr, intitulé le Large Labia Project («projet grandes lèvres», en français), encourage les femmes à poster des photos de leurs vulves atypiques pour mieux qu’elles s’acceptent comme elles sont.