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Les Japonais et l'apocalypse sexuelle

Selon de récents articles, leur manque de libido menacerait l'économie mondiale.

Par Yann Rousseau

Publié le 7 nov. 2013 à 01:01

Depuis la publication d'un article du « Guardian » sur le manque d'appétit sexuel des Japonais et l'apparition de moeurs « décalées » où de jeunes geeks ne seraient plus stimulés que par des images de femmes-robots, les médias et les réseaux sociaux se déchaînent dans l'Archipel. Pour plusieurs journaux étrangers, le mystère de l'extinction de la population japonaise aurait été dévoilé. D'après une étude du groupe d'assurances Meiji Yasuda Life, citée par le « Guardian », 30,3 % des hommes trentenaires du pays n'auraient jamais eu de petite amie. Et ils rappellent qu'un sondage de l'Institut national de la population avait découvert, en 2011, que 61,4 % des hommes célibataires de 18 à 34 ans n'étaient engagés dans aucune relation amoureuse. Cette proportion atteignait 49,5 % chez les jeunes femmes. Et, pour les deux sexes, cette tendance ne cesse de progresser, au point que les sociologues décrivent désormais l'apparition d'un « syndrome du célibat » ou « sekkusu shina shokogun ». Des hommes japonais auraient désormais « peur » des femmes et se seraient autoproclamés « herbivores ». Semblant convaincu d'avoir identifié un mouvement de masse, un chroniqueur du « Washington Post » redoute une « bombe à retardement ». Les Japonais n'aiment plus le sexe. Ils n'ont donc plus d'enfant. Leur PIB va s'écrouler. Et ils se retrouveront bientôt dans l'incapacité de rembourser leur colossale dette publique ou de poursuivre leurs achats de bons du Trésor américain, entraînant ainsi le monde dans une apocalypse financière.

Les blogueurs nippons s'insurgent

Le scénario est... excitant. Mais les moeurs amoureuses et économiques sont plus complexes, comme le rappellent des blogueurs nippons outrés. S'ils admettent que l'Archipel fait face à un effondrement démographique, ils démontrent que ce problème n'est en rien le signe d'une déviance sexuelle. Ils rappellent qu'appétit sexuel et taux de fécondité ne sont aucunement corrélés. Ainsi, le taux de fécondité du Japon est bien supérieur à ceux de Taiwan ou de Hong Kong, où la population se déclare plus portée sur « la chose ». Les chroniqueurs japonais s'insurgent aussi contre le lien fait, par beaucoup d'Occidentaux, entre la récente émancipation des jeunes Japonaises et la chute du nombre de naissances. Des études montrent, en effet, que les pays développés privilégiant l'égalité professionnelle affichent souvent de meilleurs taux de fécondité. Enfin, expliquent-ils, la stigmatisation facile de ces « étranges Japonais » occulte une réflexion sérieuse sur l'état de la sexualité et de la démographie dans nombre de pays occidentaux.

Correspondant à Tokyo Yann Rousseau

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