Santé sexuelle, bien-être sexuel, justice sexuelle ou plaisir sexuel … de quoi voulez-vous que nous parlions docteur ?

  • Mitchell KR & al.
  • Lancet Public Health
  • 21 juin 2021

  • Par Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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La crise sanitaire COVID-19, les confinements, les mesures de distanciation, les décès, les contraintes économiques, l’interruption des migrations…, autant d’évènements qui sont venus modifier les priorités individuelles en termes de sexualité et accompagneront l’évolution de sexualité en Santé publique. 

 

De plus en plus de voix s’élèvent pour intégrer le bien-être sexuel en Santé publique

Voilà plus d’une décennie que des leaders d’opinion défendent justement la nécessité d’élargir le champ d’investigation et d’intervention de la santé sexuelle en portant attention au bien-être sexuel comme entité distincte.

La santé sexuelle est encore aujourd’hui trop souvent considérée en termes de Santé publique sous l’angle du risque. Quel regard réducteur ! 

Un récent article publié dans la revue Lancet Public Health qui nous invite à réfléchir sur les différentes facettes de la santé sexuelle. 

Les auteurs rappellent que la définition de la santé sexuelle soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé a fortement contribué à élargir cette vision : « La santé sexuelle fait partie intégrante de la santé, du bien-être et de la qualité de vie dans leur ensemble. C’est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité, et non pas simplement l’absence de maladies, de dysfonctionnements ou d’infirmités. La santé sexuelle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables, sûres, sans contrainte, discrimination, ni violence. Pour atteindre et maintenir un bon état de santé sexuelle, les droits sexuels de tous les individus doivent être respectés et protégés. » 

Cette définition parle de santé sexuelle, de bien-être sexuel, de plaisir sexuel et de justice sexuelle. Ces quatre piliers se chevauchent et offriraient une approche plus globale de la Santé publique dans ce domaine.

La santé sexuelle

Ce pilier intègre les notions de régulation de la fertilité, de prévention et gestion des infections sexuellement transmissibles, de prévention des violences sexuelles et des fonctions sexuelles (incluant le désir, l’excitation). 

Le plaisir sexuel 

Il est lié à la santé sexuelle, à la justice sexuelle et au bien-être sexuel. De plus en plus reconnu par la Santé publique, ce pilier intègre l’expérience sexuelle, la satisfaction physique et psychologique et les facteurs clés qui la favorisent (ex. autodétermination, consentement, sécurité, intimité, confiance, capacité à évoquer et engager des relations sexuelles). Le plaisir sexuel nécessite de considérer le droit sexuel en termes d’égalité, de non-discrimination, d’autonomie, d’intégrité et de liberté d’expression. Deux éléments sont inclus pour prendre en compte le plaisir sexuel dans sa globalité : les événements (l’occasion sexuelle, le moment, la durée de la relation, les différentes pratiques sexuelles, la survenue d’un orgasme, l’utilisation du préservatif ou de la contraception) et les individus (la dynamique interpersonnelle, la communication, la confiance). Ce concept illustre les connexions entre santé sexuelle et bien-être sexuel et aide à comprendre le plaisir sexuel sans faire du plaisir la pierre angulaire du bien-être sexuel.

La justice sexuelle

Ce pilier inclut les efforts portés au niveau mondial pour garantir des soutiens sociaux, culturels et juridiques pour des expériences sexuelles et reproductives équitables et centrées sur la personne. La Santé publique contribue à atténuer les conséquences négatives associées aux disparités en matière de droit de l’Homme, à la promotion de l’égalité d’accès à une justice réparatrice. Elle aide également à combattre les restrictions historiques liées à l’ethnicité, au sexe, à l’identité sexuelle et au genre. La santé publique a un rôle majeur dans la lutte contre les discriminations liées aux personnes porteurs d’IST ou du VIH par exemple, ou porteuses d’un traumatisme individuel ou transgénérationnel.

Le bien-être sexuel

Les auteurs ont travaillé sur le pilier du bien-être sexuel à travers sept domaines essentiels : la sécurité sexuelle, le respect sexuel, l’estime de soi sexuelle, la résilience par rapport aux expériences sexuelles passées, le pardon des évènements sexuels passés, l’autodétermination dans sa vie sexuelle et l’aisance dans sa sexualité. Le bien-être sexuel doit être distingué de la santé sexuelle, de la satisfaction sexuelle, du plaisir sexuel et de la fonction sexuelle. Il doit s’appliquer aux personnes actives ou non sexuellement. Il doit être applicable aux individus, indépendamment du statut de leur partenaire ou de leur genre et basé sur des éléments susceptibles d’être modifiés par les politiques et soutenu par des actions de Santé publique.

Certes, les auteurs anticipent quelques résistances à considérer le bien-être sexuel comme un objectif valable de Santé publique. Les critiques s’appuient notamment sur les qualités subjectives et variables du bien-être. Et par le fait que les attitudes individuelles sont influencées par le contexte social et culturel. Il est pourtant important de faire évoluer la sexualité en Santé publique en intégrant le bien-être sexuel comme l’une des composantes importantes de la santé sexuelle.